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Re.naissance
Fanni Chambas
19/09 - 19/10/19

 

Fanni Chambas expose ses toiles récentes dans notre galerie. C’est la troisième fois qu’elle y parait, avec à chaque fois un renouvellement profond dans son style, ses formes et ses couleurs.

 

Des couleurs souvent très profondes mais toujours très délicatement et aussi très résolument posées, et des ensembles graphiques où les structures du dessin donnent beaucoup de présence.

Une allure générale qui a toujours la même ampleur mais des toiles qui se suffisent à elles-mêmes du fait de leur composition très étudiée.

Œuvre figurative ? Œuvre de peinture abstraite ?

 

Un retour sur le passé récent est ici nécessaire. Ce que le peintre a montré dans sa dernière exposition était principalement composé de grandes toiles mono tonales, inspirées de vues d’immenses étendues de plage de sable où le vide était généralement plus présent qu’autre chose. Peinture très inspirée et très belle mais empreinte de beaucoup d’effroi, y compris s’agissant de vagues énormes déferlant sur la plage ou de villages de montagne isolés et perdus dans la nuit. Fanni Chambas peignait l’ennui, l’effroi, et la tristesse. Elle disait l’absence et le néant.

Ainsi se trouve dite ma réponse à la question posée : la peinture abstraite n’implique pas nécessairement l’absence d’un sujet. Au contraire, mais ce qu’elle veut montrer ou plutôt signifier, est quelque chose dans la toile qui n’est pas immédiatement visible, comme un être caché.

Ce souci- là est très évidemment présent dans l’œuvre de Fanny Chambas.

Aujourd’hui, le plaisir de vivre y est évident. Le peintre dit elle-même qu’elle vit une renaissance.

Mais à quelles conditions ? Et l’intentionnalité n’y est –elle pas plus forte que ce qu’il est possible d’atteindre ? Et ce que je veux pour moi, est-ce qu’autrui est dans les mêmes dispositions que moi pour vouloir l’atteindre ?

Personne n’est sûr de voir l’Etre comme il est, car nous l’avons intériorisé et réduit à son sens de spectacle. Ce que je vois n’est pas le même que celui vu par l’autre. Peindre est un cri de solitude.

Fanni Chambas le transforme en chanson.

 

Conrad

 

Galerie Hebert,

Août 2019

Sortir du cadre  
13 mars 2019 - 14 avril 2019

Sortir du cadre  
13 mars 2019 - 14 avril 2019

" Sortir du cadre "

Les toiles du peintre Eric Ruelland ont ceci de particulier, qui est expliqué par l’artiste lui-même, à savoir qu’elles sont le fruit d’un mouvement de révolte du peintre en personne à l’égard de son propre travail.

En quoi donc s’agit-il de révolte du peintre contre lui-même ?

Regardons.

Une bonne partie des œuvres que présente E. Ruelland, mais pas les seules, se caractérisent par la figuration sous couleur noire de cadres de tableaux ou de morceaux de cadre s’imposant comme contrastes intentionnels avec l’évidente délicatesse des parties très travaillées constituant le sujet principal.

Il faut prendre comme ils sont ces traits personnels de violence dionysiaque, signes de vitalité et invitation personnelle au rejet des enfermements conventionnels. Le peintre nous dit : " je me délivre ». Il nous le dit en vrai et en peinture : « je me délivre et rejette mes propres pesanteurs. Voyez comme c’est beau et nécessaire ".

Ailleurs dans la galerie, d’autres toiles montrent que l’évolution vers cette libération est en cours et où les morceaux noirs se sont affinés. Leurs larges aplats se sont transformés en lignes verticales plus fines et devenues élégantes. Elles suggèrent édifice, temple, création apollinienne, miracle du classicisme.

Et le fond de l’œuvre peinte se dégage et ressort avec beaucoup plus de présence.

Au spectateur de choisir.

Au bout de l’exploration, il faut bien que le regard se porte sur ces toiles tout à fait délivrées du noir intérieur. Et admirer ces autres tableaux, aux tons lumineux. La sérénité y emplit tout l’espace dans l’œuvre et rayonne. Peinture en pleine évolution, emprunte de vitalité interne, à la fois symbolique et onirique.

Ceci étant, commenté par un autre peintre, et donc transgressif à l’égard d’un confrère qui n’a rien demandé, tout ceci est d’avance contestable.

Comme le dit Merleau-Ponty " chaque création change, altère, éclaire, approfondit, confirme, exalte et crée ou recrée d’avance toutes les autres. Et si elles ne sont pas manquées, ce n’est pas seulement que, comme toutes choses, elles passent, c’est aussi parce qu’elles ont … presque toute leur vie devant elles ".

 

13 mars 2019

Conrad

Abstraction 2019
Conrad  
18 avril 2019 - 30 juin 2019

" Ma façon de peindre "

" Elle explique la variété de mes toiles.

En style, en sujet traité, en outils et en couleurs.

Je n’ai d’avance aucun projet.

Je ne prévois rien. J’ai seulement un atelier et sur ma table des pinceaux, couteaux, racloirs, tubes de couleurs, pigments et beaucoup de récipients où je ferais mes mélanges.

J’ai aussi dans ma tête les pensées du jour et je suis ma propre humeur. Ces deux outils sont ceux qui comptent le plus, à part évidemment ma toile devant moi, toute blanche. Elle me toise. Elle me demande de la faire belle.

Quoi faire d’autre que de s’y mettre ? S’y mettre sans projet, cela veut dire tracer des traits ou projeter des couleurs. C’est le hasard qui conduit ma main.

En termes savants, cela s’appelle travailler par induction. Ce qui est déjà sur la toile, appelle autre chose et c’est parti, et ainsi de suite jusqu’à une fin acceptable ".

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" Le monde est comme une bande d’écume sur la mer, vue d’avion, qui semble immobile, et soudain, parce qu’elle s’est élargie d’une ligne, on comprend que, de près, elle est ruissellement et vie, mais aussi que, vue d’assez haut, l’amplitude de l’être ne passera jamais celle du néant, ni le bruit du monde son silence ".Maurice Merleau-Ponty

 

Extrait du livre « Visible et Invisible »

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